Le débat qui fait rage chez le public coréen dernièrement concerne cette fois-ci les paroles de chansons qui inciteraient à la consommation d’alcool et qui sont étiquetées « nuisible à la jeunesse ».
Certaines chansons populaires telles que « On Rainy Days » de BEAST ou « Still Eating Well » de HOMME ont été interdites au public de moins de 19 ans (majorité en Corée du Sud) par le Comité de Protection de la Jeunesse, sous la direction du Ministère de l’Egalité des Sexes et de la Famille, car les paroles évoquaient l’alcool.
Dans le cas de « On Rainy Days », c’est la phrase « Je devrais m’arrêter de boire puisque je suis saoul » qui a retenu l’attention du comité. Pour « Still Eating Well », le problème vient de « Je boirai beaucoup avec mes amis pour tout oublier » et « Glup, glup, glup après avoir beaucoup bu hier ».
Les contrôleurs du Comité de Protection de la Jeunesse ont tout récemment dévoilé la liste des chansons et albums qui seront bannis pour usage de langage vulgaire, se référant à la drogue ou au sexe. L’an passé, pas moins de 490 chansons ont été soumises à la censure pour ces motifs. Pour la première moitié de l’année 2011, déjà 310 chansons ont reçu le même traitement !
D’après la dernière liste publiée, c’est au tour du populaire groupe 2PM de se prendre une claque avec son titre « Hands Up ».
Quelques internautes, dépassés par l’adoption de nouveaux critères d’évaluation plus sévères, ont décidé de manifester leur mécontentement en lançant une campagne sur internet. En récoltant de nombreuses signatures, ils comptent abolir le système de classification « interdit aux moins de 19 ans ».
Les albums qui contiennent des chansons censurées portent un stickers sur leurs pochettes, prohibant la vente du CD aux jeunes de moins de 19 ans, et l’interdiction pour les radios et chaînes télévisées de diffuser les chansons de 13h à 22h en semaine, et de 10h à 22h les week-ends.
De telles décisions sont prises par une assemblée de neuf personnes issues de professions différentes : des journalistes, des civiles, et des professionnels de l’industrie musicale. Le Comité de Protection de la Jeunesse refuse de rendre public la liste des membres du comité.
Les fans de musique et les experts de l’industrie musicale ont clamé que ces classifications étaient conduites arbitrairement et affirment qu’il est quasiment impossible de juger de manière juste plus de 30 000 chansons par an.
Cube Entertainment, l’agence représentant le groupe BEAST, a engagé un procès dans une cours administrative afin d’annuler la mention « nuisible à la jeunesse », avec la session décisionnelle de jeudi.
Accablé de critiques, le ministère a tenu une réunion la semaine dernière, rassemblant des professeurs, des auteurs [de chansons] et de jeunes consultants.
Le professeur Park Byung Shik de l’université de Dongguk a donné son opinion, disant que la vignette était nécessaire sur les CD car les paroles ont une grande influence sur les jeunes qui écoutent constamment de la musique : « Une des raisons pour lesquelles les jeunes sont plus violents que par le passé vient de la musique qu’ils écoutent, et c’est pourquoi les autres pays ont également un comité de régulation ».
Mais il a également affirmé que les stickers étaient posés de manière trop arbitraires, et a suggéré d’affiner/détailler les directives et les critères pour contrôler correctement les chansons qui doivent porter cette mention ou non.
Le compositeur Yoo Yoo Jin a énoncé que les critères de contrôles et le système d’étiquetage étaient dépassés [temporellement] et amenaient souvent à fausser les jugements : « Parfois, les décisions du Comité de Protection de la Jeunesse découragent les personnes de l’industrie musicale qui sont étiquetés producteurs de musique à contenu nuisible et les empêchent d’atteindre certains fans. Ce n’est pas juste de censurer une chanson juste parce que les paroles ont des mots-clés tels que ‘boire’ ».
Yoo Yoo Jin a admis la nécessité de contrôler les chansons mais a ajouté que de nouvelles mesures étaient requises : « Je pense que le comité actuel devrait maintenir son travail, mais l’idée un deuxième passage en revue des décisions devraient être considérée ».
Kim Se Joong, de l’Institut National de la Langue Coréenne, a proposé de mettre en place un corps de contrôle volontaire composé de professionnels de l’industrie, disant que ce serait une bonne alternative.
Pour la défense, Lee Young Hee, membre du Comité de Protection de la Jeunesse, a affirmé qu’un contrôle strict était indispensable car certaines paroles incitent les jeunes à boire ou donnent l’impression que l’alcool peut être une solution à tous les problèmes : « Je pense que les jeunes peuvent être facilement influencés par ce qu’ils écoutent. Ils pourraient justifier la violence ou la consommation d’alcool décrites dans leurs chansons préférées. »
Après la réunion, le ministère a annoncé qu’il prévoyait d’entretenir plus de discussions et de s’exprimer à nouveau avec de nouvelles mesures d’ici la fin de l’année.
Source : The Korea Times